Mercredi dernier avait lieu le grand lancement de la « PFUE », acronyme désignant la présidence française du conseil de l’union européenne.
L’article 203 du traité d’Amsterdam stipule que « la présidence est exercée à tour de rôle par chaque Etat membre du conseil pour une durée de 6 mois selon un ordre fixé par le conseil ». Cet ordre, défini au préalable échoit à la France durant une période cruciale de son actualité politique nationale. L’élargissement de l’Europe fait que cette présidence est très importante.
Dans les années 60, il fallait attendre 2 ans et demi seulement mais maintenant chacun des états doit attendre 13 ans.
Un mercredi à Strasbourg
Dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, le Président de la République, Emmanuel Macron, a prononcé un discours face au Parlement européen afin de décliner les priorités stratégiques de la PFUE.
Le discours du président
Le chef de l’Etat a rappelé que l’Europe s’était construite sur la démocratie, le progrès pour tous et la paix ; un équilibre menacé aujourd’hui.
La présentation des objectifs stratégiques de la PFUE a été l’occasion pour le Président de défendre à nouveau sa vision et son ambition pour l’Europe : faire de l’Europe une puissance démocratique, culturelle et éducative, une puissance d’avenir et une puissance d’équilibre.
Il a également fait part de sa volonté, d’actualiser la Charte des droits fondamentaux, « notamment pour être plus explicite sur la protection de l’environnement ou la reconnaissance du droit à l’avortement » mais aussi de construire, entre Européens, un « nouvel ordre de sécurité et de stabilité ». (source : Palais de l’Elysée)
La campagne présidentielle, invitée pas si surprise des discours
« Ce n’est pas un débat national », ces mots d’ordre ont retenti plusieurs fois entre les différentes interventions des eurodéputés.
A la tribune, Yannick Jadot ouvrit le bal. Sa prestation fut une attaque en règle qui aurait eu toute sa place à l’Assemblée nationale. Mais pas ici, pas à ce moment-là.
Le président français exprima, par des haussements de sourcils, sa surprise puis son désarroi devant de tels propos.
Jadot ressemblait à un élève très motivé qui ne se rend pas compte qu’il fait un hors sujet total. Un élève médiocre qui se lance dans une épreuve de théâtre où il surjoue.
Les interventions suivantes, notamment celles de Jordan Bardella et Manon Aubry, peuvent, elles aussi, être qualifiées de hors sujet complet.
Bardella déversa son habituelle boue nourrie d’isolationnisme et d’anti-islam, le tout saupoudré de fake news (notamment sur les Pays-Bas).
Manon Aubry fut, tant sur le fond que sur la forme, une digne héritière de Mélenchon, agressivité comprise.
Ces élus, dont beaucoup reprochent au président et ses troupes de se servir de la PFUE pour servir la campagne macronienne, ont fait exactement la même chose : le parlement européen devint une tribune électorale franco-française devant une assemblée médusée.
Le pire exemple est Yannick Jadot, lui-même candidat à ce scrutin, qui en a fait sa tribune anti-macron et le lancement à l’international de sa campagne présidentielle.
En attaquant Macron de cette manière, ce sont la France et l’Europe qui n’en sortent pas grandies…
Honte
En voyant ces performances, je n’ai pu m’empêcher de ressentir une honte terrible et indicible.
Voir ces élus européens englués dans une vision nationaliste et électoraliste de leur action m’a remplie de tristesse.
Vision néerlandaise
Aux Pays-Bas, les réactions ne se firent pas attendre et fustigèrent en grande partie, les attitudes et prises de parole des eurodéputés français.
Après plus de vingt ans aux Pays-Bas, je suis plus que jamais convaincue que le consensus est plus porteur d’action que des oppositions, souvent stériles, qui se succèdent.
Quand je vois que ceux qui prétendent incarner le renouveau de la politique française répliquent les réflexes d’un autre âge, je me dis que décidément, la France a un choix important à faire en avril prochain…
Les pieds sur terre
En tant qu’élue des Français des Pays-Bas, récemment élue présidente de l’Assemblée de Français de l’étranger, je suis très attachée aux questions européennes et environnementales.
J’ai été choquée et déçue que, lors d’un événement comme celui-ci, l’intérêt collectif ne puisse pas primer.
Dans ces moments, on voit qui a la stature d’homme d’état tandis que d’autres jouent leurs postures de politiciens…