La semaine dernière c’était l’événement culturel à ne pas manquer, la rétrospective Helmut Newton au Foam, le musée de la photographie d’Amsterdam.
Fille d’une lectrice de Elle et d’un lecteur de Photo, je peux dire, sans vraiment exagérer, que j’ai grandi avec Helmut Newton.
L’exposition, en coopération avec la Fondation Helmut Newton de Berlin, présente environ 200 oeuvres de l’illustre photographe allemand.
Lors de la conférence de presse, Matthias Harder, directeur de la fondation échangea avec Marcel Feil, directeur artistique de Foam sur la vie et la carrière du photographe.
Une enfance marquée par la guerre, le nazisme et l’exil, la notoriété tardive (à plus de 40 ans !), son rapport unique aux femmes et aux féministes notamment, sa liberté de création malgré un travail sur commande, ses liens avec le milieu de la mode et notamment Karl Lagerfeld et Yves Saint Laurent.
Au centre de son oeuvre et de son processus créatif se trouve la femme et son regard de photographe sur elle.
La femme chez Newton est toujours conquérante, forte et indépendante ; c’est une femme affranchie des tabous, qui fait fi des regards et ne fixe d’ailleurs pour ainsi dire jamais l’objectif. Sa vie semble ailleurs.
La nudité chez Newton n’est jamais synonyme d’asservissement ni de chosification mais source de pouvoir, de force et de conquête.
Cette notion est en particulier visible dans les Big Nudes, avec le portrait de femmes habillées en couture et, à côté, nues. Les femmes nues dégagent en effet une plus grand force.
Jamais vulgaire toujours élégant et humoristique, Newton sublime la femme. Sylvia Gobbel, ancienne égérie de Newton, expliqua que dans l’oeuvre de Newton les femmes dirigeaient et les hommes étaient de simples accessoires.
Chez Newton la nudité est portée non comme une arme de séduction mais une arme de combat et de pouvoir.
Les salles du Foam (aux murs de couleurs différentes) nous font voyager dans différents univers et périodes de Newton : d’abord les débuts avec des clichés en couleurs pour les revues de mode puis des portraits où le style Newtonien se précise, le travail pour les marques de mode, les portraits de stars, les big nudes….
J’ai particulièrement aimé la salle qui présente les portraits de célébrités : au-delà des très célèbres portraits de Deneuve, Le Pen ou Riefenstahl, j’ai été sidérée par le portrait de Daniel, Guy et Alex Wildenstein tout simplement incroyable et effroyable même !
Il ne faut pas manquer le film Helmut By June projeté dans une salle du musée.
Lors de ma visite j’ai eu le privilège de vivre une sublimissime mise en abyme grâce à Sylvia Gobbel qui prit la pose (habillée cette fois) devant ce qui est probablement la photo la plus connue de Newton.
A noter, le Foam, stimulateur de talents, a donné champ libre à trois jeunes artistes qui ont exprimé librement leur talent à la manière de Newton. J’ai particulièrement aimé l’hommage de Philippe Vogelenzang qui réalisa un sublime nu d’homme (nouvelle inversion des rôles). Petit bémol, je trouve que les explicatifs sont trop brefs et auront du mal à combler les fans de longue date.
L’exposition Helmut Newton – a Retrospective dure jusqu’au 4 septembre 2016. Foam est ouvert tous les jours de 10h à 18h, le jeudi et le vendredi de 10h à 21h. Entrée 10 € par adulte.