Chers lecteurs du monde entier je vais vous révéler un secret en cette première semaine de septembre : aux Pays-Bas, la rentrée n’existe pas ! Quoi ? Mais comment est-ce possible me direz-vous ! Tentative d’explication ci-dessous !
Hasard du calendrier, les écoliers de la zone « Noord-Holland » ont cette année repris le chemin de l’école le même jour que les écoliers de France. Cette date identique cache toutefois d’importantes différences que j’aime chaque année mettre en exergue. Aux Pays-Bas, la reprise de l’école a par exemple lieu après 6 semaines de vacances, 5 pour le personnel enseignant qui a repris une semaine avant. 6 semaines seulement disent beaucoup de Français et bien oui !
Mes séjours en France et les échanges comparés sur les systèmes d’enseignement donnent lieu à des regards dubitatifs mais intéressés tellement les approches pédagogiques semblent opposées.
Dans mon pays d’adoption, il n’y a pas de devoir et le système d’enseignement est libre (trop diront certains !). Il est fondé sur le respect. On appelle sa maitresse par son prénom et nous (parents et enfants) la tutoyons sans problème. L’apprentissage est axé autour du faire et non du savoir. Ne tentez jamais d’impressionner un Néerlandais par vos connaissances encyclopédiques ou par des citations de livres ou de personnages célèbres. Ici, on inculque depuis le plus jeune âge la norme. Le dicton « doe maar normaal dan doe jij al gek genoeg »* est la base de tout.
Ceci peut être difficile à apprécier au départ pour les Français qui viennent d’un pays où au contraire on célèbre toujours l’excellence…
En France, depuis la mi-août on ne parle que de « fournitures scolaires » que de listes, d’achats à faire, les journaux montrent les familles qui se pressent dans des rayons ultra-chargés d’hypermarchés à la recherche d’articles parfois originaux parfois inutiles.
Ce concept lucratif des « listes de rentrée » n’existe pas ici. Je dois souvent expliquer aux Néerlandais le terme d’allocation de rentrée, une hérésie dans un pays où l’on ne plaisante pas avec les deniers, encore moins lorsqu’ils sont publics…
Aux Pays-Bas, dès l’entrée au Middenbow (vers 6/7 ans) les enfants se voient remettre une gomme, un crayon et des cahiers. Les parents doivent juste acheter une trousse et un taille-crayon. Le reste des affaires est en principe fourni par l’école. Point de cartable lourd ici, les affaires restent à l’école. Par contre les enfants doivent amener leur en-cas et déjeuner (de simples sandwiches souvent) car les cantines comme on les connait en France n’existent pas.
Les système éducatif néerlandais est performant. Chaque année l’étude PISA souligne les bons résultats des élèves bataves qui sont en outre les plus heureux au monde !
Il convient toutefois d’apporter quelques nuances à ce portrait trop parfait.
La qualité des établissements scolaires peut être très variable en fonction du quartier où l’on habite et l’orientation se fait très tôt, sur la base de tests controversés que les enfants font dès leur plus jeune âge.
Les enseignants se plaignent en outre de conditions de travail dégradées et ont fait des grèves très suivies (phénomène pas courant ici, encore une différence avec la France).
A Amsterdam en particulier mais dans tout le pays, la pénurie d’enseignants est criante. Celle-ci aboutira sans doute à un grave problème de société aux répercussions terribles pour tout le pays.
Les écoles comptent également beaucoup (trop ?) sur les parents (les mères souvent) pour mener à bien leur fonctionnement. Les parents font ainsi partie intégrante de l’école et accompagnent la lecture, les sorties mais nettoient également les classes ! L’école finit tôt et les garderies sont très très chères….
L’équilibre familial est central aux Pays-Bas et faire trop souvent appel à des tiers (sauf les grands-parents) peut générer certaines remarques acerbes des Néerlandais « réputés » directs en communication.
En bref, si la rentrée n’existe pas vraiment pour les enfants aux Pays-Bas, elle existe plutôt pour les parents !
*Comportez-vous normalement, c’est bien assez fou comme cela (traduit librement)