Torpeur estivale, rancoeurs électorales

Depuis la semaine dernière, le microcosme des élus consulaires en ligne semble sortir d’une certaine torpeur estivale. Brusquement et alors que les dernières semaines étaient plutôt calmes, les appels, interpellations, pétitions semblent se multiplier.  Les publications, souvent acerbes, parfois moins acérées, se suivent sur les réseaux sociaux.

Toutes ces initiatives sont porteuses d’une sémantique forte et finalement similaire. Jugez-en par vous-même : on nous parle d’une « marginalisation des Français de l’étranger », de la « représentativité des Français de l’étranger en voie de devenir un simulacre », on accuse les députés LREM « d’avoir poignardé les Français de l’étranger », les Français de l’étranger sont qualifiés de « grands sacrifiés du nouveau monde » etc. Ces joutes verbales d’un lyrisme ampoulé aussi belliqueux que creux pourraient prêter à rire certes… mais un instant seulement…

En effet, derrière cette indignation multiple se cache un combat tout autre qu’il convient de ne pas perdre de vue : les prochaines élections sénatoriales.

Véritable troisième tour de cette année électorale, ces élections vont permettre aux grands électeurs, à savoir 533 élus des Français établis hors de France (442 conseillers consulaires, 68 délégués consulaires, 12 sénateurs et 11 députés) de renouveler la moitié de leurs douze sénateurs. 2 sortants (de droite) ayant déjà annoncé leur « retraite », les appétits s’aiguisent et semblent sans limite. La lutte, dantesque, a déjà commencé.

©Senat

D’ores et déjà il est clair que les deux partis traditionnels habitués, jadis, à se partager le pouvoir au gré des élections nationales et les sièges au gré des élections sénatoriales, semblent s’être enfin mis d’accord sur une chose : la cause de tous les maux est LREM et l’homme à abattre Emmanuel Macron.

A partir de ces constats on peut noter une amnésie qui semble endémique : ces deux partis semblent oublier qu’ils étaient aux manettes depuis plusieurs décennies et reprochent tout, ou presque, à un nouveau parti récemment au pouvoir.

Je sais bien que les étés qui précédent les élections sénatoriales sont propices aux raccourcis faciles et populaires (populistes ?) mais, en l’occurrence, les ficelles électorales de ce regain d’activité semblent bien trop épaisses pour être prises au sérieux !

En matière de représentativité des Français des l’étranger certaines avancées ont été obtenues mais les ratés ont été nombreux aussi : la gratuité de l’enseignement français à l’étranger (promesse électorale financièrement intenable du candidat Sarkozy) n’a jamais pu être appliquée en totalité avant d’être tout simplement annulée. Pensons aussi aux mesures fiscales de Hollande… la liste serait longue.

Il ne faudrait pas non plus oublier la réforme ambitieuse mais inaboutie portée par la sénatrice Hélène Conway (candidate à sa réélection) qui a créé une catégorie d’élus riches en idées et en actions mais pauvre en moyens. Ces conseillers consulaires (appellation tellement mal choisie) dépendent trop souvent encore de la bonne volonté de l’administration eux qui sont pourtant élus de la nation, au suffrage universel de surcroit…

De grâce, responsables politiques et candidats battus et déçus des législatives, arrêtez de ressasser vos frustrations (légitimes) suite à une défaite souvent cinglante et difficile que des œillères politiques et historiques vous ont souvent empêchés d’anticiper.

Arrêtez candidats aux sénatoriales de penser que l’absence d’un ministère en charge des Français de l’étranger implique l’absence d’un interlocuteur dédié pour les questions qui nous concernent. Macron a annoncé un gouvernement resserré et une rigueur budgétaire, cette décision était donc à prévoir et vous le savez bien. D’ailleurs la présence d’un tel ministre et secrétaire d’état n’a pas toujours été gage (euphémisme) de bons traitements de nos questions.

Dois-je vous rappeler à tous les précédents « historiques » qu’ont constitué les nominations de David Douillet et Edouard Courtial ? Celles-ci  n’avaient pas contribué à mettre notre communauté et nos problématiques à l’honneur…

Arrêtez de dire que les mots « Français de l’étranger » n’ayant pas encore été prononcés par le président et le premier ministre, le pouvoir nous méprise. Évidemment, nous ne pouvons souhaiter faire partie à part entière de la communauté française, être traités, dans la mesure du possible, comme des Français de France, avoir les mêmes droits et prérogatives et vouloir, en même temps, toujours être différenciés !

Les griefs actuels sont multiples et parfois très légitimes, on s’inquiète des importantes baisses de budget annoncées, de la survie des associations et établissements scolaires sans l’apport de la réserve parlementaire.

Souvent toutefois, les griefs ressemblent plus à des caprices. On demande si tel élu a bien été invité à une réunion, on scrute le moindre mot prononcé par un député ou ministre, on demande un compte rendu de réunion dès qu’elle a eu lieu. Les exigences sont fortes et la critique facile alors qu’avant elles ne s’exprimaient pas ou peu….

A ce sujet, la suppression de la réserve parlementaire est caractéristique, cette réserve a été très utile au fil des ans. Il est plus que souhaitable que ces fonds perdurent pour les initiatives éducatives et sociales (au sens large).

On ne peut toutefois reprocher à un président de ne pas aller assez loin dans la rigueur budgétaire et ensuite se plaindre lorsque ces réductions nous impactent… A cet égard les anciens farouches défenseurs de F. Fillon qui avait « le meilleur programme de réduction budgétaire pour redresser la France » ne sont pas crédibles en critiquant les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement.

Finalement souvent en attaquant ainsi le présent et l’avenir proche, ce sont souvent les mauvaises décisions, l’immobilisme et les échecs passés qui sont mis en exergue…

Alors s’il vous plait, vantez vos listes, vos candidats, exposez vos propositions, détaillez vos programmes, donnez-nous envie de voter pour vous.

En s’élevant tous un peu, ce sont tous les Français de l’étranger qui seront valorisés. Nous en nous sortirons ainsi tous grandis !

Bonne campagne à toutes et tous !

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