Ne manquez pas la dernière exposition événement au musée Van Gogh !
J’ai récemment pris part, comme je le faisais si souvent avec plaisir avant la pandémie, à la visite presse de la nouvelle exposition temporaire du musée Van Gogh d’Amsterdam.
Celle-ci, intitulée « Les mangeurs de pommes de terre, échec ou chef d’œuvre ? », s’articule, comme son titre le laisse deviner, autour du tableau « les mangeurs de pommes de terre ».
Une exposition qui fait doublement l’événement
Lors de la présentation presse, la directrice du musée, Emilie Gordenker, expliqua que l’idée de cette exposition était à la fois le fruit d’une nécessité et d’une conviction profonde.
La pandémie a rendu très compliquées les expositions qui reposent beaucoup sur des prêts. Rapidement est venue l’idée de cette exposition autour de ce tableau, point d’orgue de la première partie de la carrière de Van Gogh.
Ce type d’exposition vient en écho à des expositions précédentes, notamment celle autour des tournesols.
Van Gogh et Nuenen
Cette exposition est centrée autour de la première période de Van Gogh, la période néerlandaise, passée à Nuenen. L’artiste a vécu dans ce village du Brabant durant deux ans avec ses parents. Il y disposait d’un atelier. Vincent était profondément attaché aux habitants du coin, notamment les paysans.
Un tableau controversé au centre de l’exposition Van Gogh
Si Van Gogh a toujours été très lié à son tableau qu’il considère comme un chef d’œuvre, les avis de ses proches, notamment son frère Theo et Anthon van Rappard furent moins enthousiastes, voire négatifs. A l’origine, ce tableau devait constituer sa participation au Salon à Paris mais son envoi tardif l’empêcha d’y prendre part.
Le tableau, peu soutenu par la lithographie qu’en fit Van Gogh en guise de réclame pour les galeries parisiennes, ne trouva pas preneur et finit même sur la cheminée de Theo !
Un triptyque au début de l’exposition Van Gogh
L’exposition débute au centre de Nuenen et nous présente deux tableaux très connus : la chaumière et la vieille tour de l’église à Nuenen.
Ces tableaux forment, avec les mangeurs de pommes de terre, un triptyque étonnant et fort.
Le genre pastoral est connu à l’époque. Une salle nous montre différents exemples de tableaux similaires, notamment de Jozef Israëls et de Charles de Groux. L’approche de Van Gogh se distingue par une absence totale de romantisation ; il présente la vraie vie agricole sans concession, avec ses aspérités.
La technique, la lumière et les couleurs
La salle suivante illustre le travail technique de Van Gogh autour de cette période qui n’est sans doute pas la plus connue du peintre. On la dit souvent sombre pourtant le travail sur la lumière et les couleurs est inspirant.
Ce travail sur les couleurs et la lumière fait l’objet d’explications très intéressantes. De cette salle « technique », une première vision du tableau-star nous est proposée, par une lucarne de toute beauté.
Une seule étude du tableau est présentée. La seconde, du musée Kröller-Muller est malheureusement trop fragile pour voyager.
Il convient de prendre le temps d’admirer le tableau, de voir ses détails, une main, un regard, un visage, le café servi, la lampe au-dessus de la table…
Un échec cuisant
Une salle nous montre l’accueil pour le moins glacial réservé à ce tableau qui plaisait beaucoup à son auteur. On revit, dans une version modernisée, les conversations entre l’artiste et ses critiques.
Les experts trouvèrent ce tableau techniquement raté et ne manquèrent pas de le faire savoir à son auteur… Le succès parisien escompté ne fut pas au rendez-vous.
Une salle émouvante
Dans cette salle, nous apprenons que Van Gogh, alors hospitalisé à Saint-Remy-de-Provence, ressentait une profonde nostalgie des Pays-Bas. Il avait demandé à ses proches de lui envoyer des esquisses de l’époque. Il souhaitait même réaliser une nouvelle version du tableau.
Le tableau final de cette salle, inspiré de Millet et réalisé en 1889, nous laisse envisager ce que la nouvelle version des mangeurs de pommes de terre tableau aurait pu donner…
Une reconstruction qui vaut la peine
La véritable dernière salle de l’exposition se situe à l’étage. La chaumière a été reconstituée et la scène du tableau également. Vous pouvez donc prendre place et devenir un tableau vivant !
Cette salle sert d’écrin à divers ateliers et animations.
Détails pratiques
Cette exposition temporaire se tient du 8 octobre 2021 au 13 février 2022.
Le billet coûte 19 € (plein tarif) sinon 9 € et gratuit pour les mineurs il donne accès aux collections permanentes et à cette exposition temporaire.
Ne pas manquer le fabuleux catalogue de l’exposition (disponible en anglais et néerlandais) par Bregje Gerritse.